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Jean Stone

Jean Stone

Playboy décontracté à la voix de velours, Jean Stone nous fait penser à une version réactualisée du Dutronc de la belle époque.

Mais ne nous laissons pas tromper par ce dilettantisme de façade, car les morceaux de son premier album sont ciselés avec précision.

Son premier album incite à l'écoute, car les textes intimistes sont riches de sens. Plus d'une fois, on se surprend à sourire, quand ce n'est pas une envie folle de vous trémousser qui vous submerge ...










Samples

Quel Pied Danser

Premier album studio de Jean Stone, "Quel Pied Danser" puise sa source au meilleur de la chanson française, sans jamais s’éloigner de la pop music anglo-américaine. Mais les thèmes innocents sont ici remplacés par une lecture tantôt amusée, tantôt désabusée des travers de nos contemporains.

Chasse au logement, précarité de l’emploi, maniaques du texto, chaque chanson vous fait penser à quelqu'un, quand ce n'est pas à nous-même ...

Quel Pied Danser

1. Appartement Témoin
2. Les Amours Agricoles
3. Texto
4. Congénital
5. Là où le Nord n’Existe Pas
6. Un Jeu de Quilles
7. Je Danse donc Je Suis
8. Sang d’Encre
9. Laissez-moi Crever Ici
10. C.D.D.
11. Betty Queens It



1. Appartement Témoin

Appartement témoin
A charge, oculaire
De marches, de mouvements circulaires
De long en large le nez en l’air


Appartement témoin
Belle surface sur deux pièces
Étage élevé exposé ouest
Proximité tous commerces


Appartement de vingt mètres carrés
Sur deux pièces
Loi Carrez ou loi Carrez
Si étriqué que c’est l’inverse


Appartement témoin
A charge, oculaire
De marches, de mouvements circulaires
De long en large le nez en l’air




2. Les Amours Agricoles


Les amours agricoles en milieu rural
Qui commencent à l’école ou bien un soir de bal
Les amours agricoles sont souvent conjugales
Une plus belle récolte, une belle affaire familiale
Les amours agricoles sont bien plus rentables
Que l’amour bénévole, mais bien moins charitables
Que l’amour associatif, à but non lucratif
Que l’amour caritatif, pas assez attractif


Mais les amours urbaines sont souvent cinq à sept
Ou alors dix à onze, ou encore bisannuelles
Les amours parisiennes sont souvent onéreuses
Bien souvent culturelles et jamais ennuyeuses
Les amours balnéaires sont souvent discothèque
Les universitaires souvent bibliothèque
Les amours montagnardes sont très téléphériques
Et les amours vachardes très sado-masochistes


Les amours adultères sont souvent mensongères
Les amours éphémères, forcément passagères
L’amour entre collègues, une mission camouflage
L’amour à la retraite, une mission pantouflage
L’amour apesanteur, avec la peur du vide
L’amour dans l’ascenseur, il faut faire très très vite
Les amours hôtelières sont des plus romantiques
Mais l’amour ferroviaire n’est pas des plus pratiques


Les amours impossibles sont des plus platoniques
Les amours fusionnelles, pas les moins physiques
L’amour entre vedettes un bon coup médiatique
Et l’amour entre athlètes dans une forme olympique
Les amours discobole avec un éphèbe grec
Les amours manque de bol à cause d’un sale mec
Les amours pot de colle vraiment indémerdables
Et l’amour parabole devant une chaîne du câble


Et l’amour est aveugle, l’amour borgne royal
Mais l’amour est aveugle, il faut lui écrire en braille
Les amours agricoles en milieu rural
Qui commencent à l’école ou bien un soir de bal




3. Texto

Elle a envoyé un texto
Qui disait à peu près texto
« Ne cherche pas à me revoir,
Je reste pas . / »
Elle a envoyé un SMS
Et j’ai un espoir mais assez mince
D’un jour lui dire d’une voix vive


« A ton écriture intuitive
Égérie d’Orange j’ai bien ri
Mais jaune ça me dérange
Que t’écrives sur cet écran de gris bleuté
Ta poésie, c’est téléphoné »


Je lui envoyai un texto
Si mal nommé, pas un seul mot
:-( Allusion au malaise
Je lui envoyai un SMS
De désespoir mais assez mince
Trait d’humour noir version mobile
La désinvolture malhabile


« Égérie d’Orange j’ai bien ri
Mais jaune ça me dérange
De t’écrire sur cet écran de gris foncé
Des idioties, c’est téléphoné »


Vous n’avez pas de nouveau message
Vous ne reverrez pas son visage
Et puisque le monde est mal fait
Elle a épuisé son forfait
Elle a envoyé un texto
Qui disait à peu près texto
« Ne cherche pas à me revoir,
Je reste pas . / »




4. Congénital

Je suis un hardeur très caustique
Je suis une erreur de casting
Voltigeur sujet au vertige
Un amateur, dilettantisme
Ma peau fragile, mon épiderme
Et mon allergie aux pollens
Claustrophobie héréditaire
Agoraphobe, velléitaire


Je suis un centre névralgique
Cible de frappes chirurgicales
Je suis une innocente victime
De turgescences cérébrales


Je porte un cornet acoustique
Et des semelles orthopédiques
Je suis presbyte et astigmate
Derrière des lentilles de contact


Je suis un roc, je suis un pic
Je suis un cap péninsulaire
Je suis amorphe et lymphatique
Sans l’air de pas en avoir l’air


Je suis un James Bond en plastique
Je suis un Dom Juan des parkings
Je suis un peu cruciverbiste
Membre d’un club philatéliste


Je suis aigri, un peu acide
Azimuthé, inconciliable
Graveleux, grivois et irascible
Mielleux, pantois et insatiable
Je suis collant, je prends racine
J’aime le scrabble et les endives
Le parfum de la naphtaline
Les chemisettes. Liste exhaustive.


Je suis une blague de carambar
J’ai un tatouage de malabar
Mon expertise n’est que comptable
Mon chagrin d’être contribuable
Je suis un hardeur très caustique
Je suis une erreur de casting




5. Là où le Nord n’Existe Pas

Mon caïman tu as l’œil glauque
Si je te mens c’est de ta faute
Tu m’cherches, conséquence : tu me trouves
T’es un peu fouine, quand même, je trouve
Tu as ton œil des mauvais jours
Je fais l’aveugle je fais le sourd
A tes envies de voir la mer
Ou de retourner chez ta mère


Petit gavial tu m’fais vibrer
Comme un lave-linge comme un archet
J’ai pas ta gouaille j’ai pas ton style
J’ai pas c’que t’as quand toi tu parles
De vents d’été, de parfums suaves
De volupté, de matins calmes
Et d’escapades très loin là-bas
Là où le Nord n’existe pas


Petit rapace tu es vénale
Tu chasses mon épargne salariale
Ces pays où on n’ira pas
Tu n’iras pas si c’est sans moi
Tu rêves, t’es mièvre, que tu t’envoles
Vers des îlots vers des atolls
Où c’est un leurre que d’avoir froid
Et où on pleure seulement de joie


Petite hyène, tu m’fais vibrer
Comme un lave-linge comme un archet
J’ai pas ta gouaille j’ai pas ton style
J’ai pas c’que t’as quand toi tu parles
De vents d’été, de parfums suaves
De volupté, de matins calmes
Et d’escapades très loin là-bas
Là où le Nord n’existe pas


Petite fleur mon myosotis
Je sais je manque de romantisme
J’aime pas le sel, j’aime pas la sable
Quitter mes ouailles m’est impensable
Petit glaïeul là tu m’attristes
Une larme à l’œil, dans ton iris
Je lis l’envie d’une eau turquoise
D’un coloris de peau topaze


Cher petit singe, tu m’fais vibrer
Comme un lave-linge comme un archet
J’ai pas ta gouaille j’ai pas ton style
J’ai pas c’que t’as quand toi tu parles
De vents d’été, de parfums suaves
De volupté, de matins calmes
Et d’escapades très loin là-bas
Là où le Nord n’existe pas




6. Un Jeu de Quilles

Un jeu de quilles un chien inopportun
Un jeu canaille de mains de vilains
Un jeu soliste un jokari
Un jeu d’adresse de malappris


Un peu taquin les yeux en clins
Si angélique sourire en coin
Un brin lubrique les bras en croix
Un rien candide un rien trois fois


D’emblée de brûler ses cartouches
D’entrée de jeu mettre à sa bouche
De l’eau du sel du grain à moudre
Un incendie le feu aux poudres


Une lame de fond un tsunami
Un râle violent des raviolis
Des gens méchants pas très gentils
Des imbéciles qui changent d’avis
Un brin lubrique les bras en croix
Un brin lubrique les bras en croix
Un brin lubrique


Un chien sans laisse qu'on a lâché
Un chaton de calendrier
Une grenouille d'Amazonie
Et un cochon qui s'en dédit
Et un cochon qui s'en dédit
Une grenouille d'Amazonie
Un chaton de calendrier
Un chien sans laisse qu'on a lâché


Un angle jamais arrondi
Un ongle incarné par oubli
Un animal trop anémié
Des animaux bien affamés




7. Je Danse Donc Je Suis (Jean-Claude Massoulier – André Popp, 1964) [A défaut d’autorisation expresse de Messieurs Massoulier et Popp, paroles non reproduites]



8. Sang d’Encre

Il est très tard tu sais, j’ai rien contre le fait qu’tu rentres tard, mais s’il te plaît préviens moi, appelle, c’est quand même pas la mer à boire
J’me suis imaginé n’importe quoi, n’importe qui, qu’ça y est, tu voulais plus m’voir, qu’il était arrivé quelque chose de grave, que t’étais parti(e) quelque part
J’me suis vraiment fait un sang d’encre


J’ai l’impression qu’tu t’rends pas compte de c’que j’ai dans le cœur, c’que j’ai dans le ventre
Tu sais, j’peux pleurer sur commande
Tout ça c’est pas du flan, c’est pas du vent, tu sais, c’est pas pour t’accabler
C’est juste pour te dire que mes mains t’ont cherché dans l’noir sans te trouver, que j’ai eu beau essayer, mais j’ai pas pu dormir ce soir sans toi


J’ai imaginé, mouliné, ressassé
J’ai cru que j’comptais pas pour toi
Que j’étais juste là pour décorer, pour te permettre d’exister, pour que tu sois pas seul(e) dans les moments où t’as envie de parler


C’est pas compliqué tu sais, de m’dire que tu préfères rester seul(e) parfois
J’irai ailleurs si tu restes là, j’resterai là si tu veux sortir sans moi


Il suffit juste qu’on parle, qu’on laisse pas passer des choses comme ça
Des non-dits, des envies, ça ira mieux si on s’les dit plutôt qu’de les penser tout bas


J’veux pas qu’on s’entretue, ça vaut pas le coup, on peut pas en arriver là, ce serait du gâchis
On n’a pas fait tout c’chemin pour en arriver là




9. Laissez-moi Crever Ici

Laissez-moi s’il vous plaît parler au chauffeur
Laissez-moi s’il vous plaît épouser ma sœur
Venez donc voir c’est tellement singulier
Tous ces pouvoirs dont on m’a doté


Venez ensuite avaler la couleuvre
En guise d’entrée en guise de hors d’œuvre
Et en dessert j’aimerais bien vous jeter
Aux yeux de la poudre et la faire parler


Puis laissez-moi crever ici
Laissez-moi crever ici


Laissez-moi s’il vous plaît plonger en apnée
Laissez-moi après grimper sans harnais
Croyez-moi sur parole je travaille sans filet
Voyez-vous ça comme je brave le danger


Laissez-moi donc étendre ce boxeur
Ce champion qui m’a taxé d’imposteur
Je vous demande de ne pas intervenir
Je vous enjoins seulement à applaudir


Laissez-moi crever ici
Laissez-moi crever ici


Laissez-moi s’il vous plaît entrer avant l’heure
Laissez-moi par pitié montrer ma valeur
Permettez-moi donc encore d’insister
Sur votre extrême permissivité


Mettez-vous s’il vous plaît à ma disposition
Laissez-moi susciter votre admiration
J’ai encore tant et tant à vous montrer
De mes talents, aucun d’eux n’est caché


Mais laissez-moi crever ici
Laissez-moi crever ici
Laissez-moi crever ici
Laissez-moi crever ici




10. C.D.D.

Qu’est-ce que tu d’viens ?
Ça fait un bail
T’as des enfants ?
Est-ce que t’as du travail ?

Bah justement
Il faudrait qu’j’t’en parle,
T’as un moment ?
Viens y’a deux chaises et une table
Depuis tout c’temps, rien de vraiment stable
Pourtant j’me bats comme un beau diable


J’ai beau chercher et postuler
Un bon job qui m’f’rait un peu moins vivre dans la précarité
J’ai beau avoir des qualités
J’suis qu’en CDD, en CDD


Alors tu vois j’ai fait un stage
Et après ça bien sûr un peu de chômage
Mais fallait pas que j’me décourage
Alors tout à la main, j’ai écrit des pages et des pages
Des lettres de motivation à l’attention de la direction
J’attire votre attention, sincères salutations


J’ai beau multiplier les courriers
En réponse aux offres à durée indéterminée
Et faire état d’mes qualités
J’suis qu’en CDD, en CDD


Une analyse graphologique
M’a confondu : sujet à tendance lymphatique
Et mon CV parti aux WC
Pour mes projets de crédit me voici discrédité
J’ai un profil de saisonnier
Pour toutes les saisons de l’année


J’ai beau chercher et postuler
Un bon job qui m’f’rait un peu moins vivre dans la précarité
J’ai beau avoir des qualités
J’suis qu’en CDD, en CDD
Pas d’congé cet été, car j’suis en CDD
Et pas de RTT
Juste une indemnité de précarité
Car j’suis en CDD…




11. Betty queens it

Betty queens it
All she feels
Kind of feeling
In early teens
Betty’s broken now
Put a scaffold on her heart


Bio

1989 - Achat d’une guitare basse d’occasion.
La pression est énorme : l’instrument en question a appartenu, successivement, au bassiste de Century (« Lover Why », succès planétaire en 1985), puis à Ron Buckle (qu’on ne présente plus).

1990 - Blistering Barnacles (Flavien, Laurent, Marc, JS)
Premier groupe Garage Rock lycéen. Un hit-single, « Bouche d’égoût ».

1991 - The Boston Zogloo (Frédéric, Philippe, JS)
Du dilettantisme lycéen, toujours. Dislocation rapide, faute de trouver un batteur.

1992-1993 - April Fishes (T2, JS)
LA rencontre, qui aboutit à un duo pop comique. Une dizaine de démos au son délicieusement sale. Deux tubes, « Les extra-terrestres » et « Transistor ».

1994-1997 - Sonotone (T2, Corsi, JS)
Trio power-pop anglophone. JS est passé à la guitare. Deux albums auto-produits, vendus respectivement à 23 et 27 exemplaires. Des concerts dans des caves enfumées à Paris et alentour, des festivals en plein air. Des filles et des garçons au premier rang, en sueur. La consécration, en somme.

1998-2004 - Rien.
Une guitare qui dort dans un étui sous la poussière. Des cordes vocales qui ne chantent plus que matinalement, sous la douche. Quelques carnets noircis, tout de même… dans le train, dans les files d’attente, dans les cafés…

2005 - Quel Pied Danser
Premier projet solo. Onze titres entièrement réalisés à domicile, avec des instruments réels et virtuels. A écouter ici.

Contact

Jean Stone :